La baisse de l’occupation des services hospitaliers est fortement liée à la Durée Moyenne de Séjour (DMS). Nous avons déjà consacré quelques articles à l’étude de cet indicateur. Cet article propose une nouvelle actualisation du calcul, suite à la révision de l’algorithme du simulateur CT. La létalité hospitalière est aussi prise en compte. Le raisonnement pour en faire l’évaluation est également lié au réglage du parcours hospitalier dans les différents services. Voici une illustration pour montrer comment le calcul est abordé.
Pour une base 100 entrées hospitalières, la première bifurcation déclenche quatre chemins :
- 39% sont retournés rapidement à domicile, c’est le séjour court.
- 20% n’ont pas eu besoin de passer par les services de réanimation, mais sont tout de même allés vers des services de soins, c’est le séjour de moyenne durée et aussi celui de la boucle pour une partie d’entre eux.
- 23% sont passés par les services de réanimation, c’est le séjour long.
- 18% sont décédés sans passer par les services de réanimation
Pour cette bifurcation, l’équation est vérifiée :
100 = 39 + 20 + 23 + 18
En détaillant les pourcentages au plus fin, c’est à dire en considérant toutes les branches qui permettent de sortir du scénario, l’équation peut s’écrire également de cette façon :
39 + 6 + 18 + 5 + 18 + 8 + 6 + 0 = 100
Dans cette équation, les branches qui mènent à l’état (D)écédé sont 5 + 18 + 6 = 29%. En conclusion, on peut en déduire que la létalité hospitalière de la covid-19 était de 29% au tout début de la première vague.
Variations dans le temps de la DMS et de la létalité
Les réglages du simulateur CT sont ajustés toutes les deux semaines environ pour permettre de reproduire fidèlement l’évolution des données publiées par Santé publique France. C’est donc en faisant bouger ces pourcentages et les durées de passage d’un service à un autre qu’on peut simuler le comportement de « la machine hospitalière ». Au final le graphique suivant retrace l’estimation de la létalité et de la durée moyenne de séjour depuis le début de l’épidémie covid-19 en France.
Petite vérification rapide supplémentaire, au 15/06/2021 il y avait eu selon Santé publique France :
- 475353 patients pris en charge à l’hôpital depuis le 1er mars 2020
- 84096 décès à l’hôpital
84096 / 475535 = 18%
18% correspond à une valeur globale de la létalité au 15 juin 2021, sachant que parmi les personnes encore hospitalisées un certain nombre risque malgré tout de décéder dans les jours à venir. L’estimation globale pourrait alors se situer vers une létalité à 19 ou 20%, ce qui semble cohérent avec le graphique proposé.
Que pourrait-on en déduire ?
En ce qui concerne la létalité, elle serait plus élevée pendant les périodes de pics épidémiques, se situant vers 25%. Tandis qu’en période de moindre circulation du virus, la létalité redescendrait vers 15%. Ce n’est pas très surprenant, hormis quand même le fait que c’est un taux de létalité qui est fort.
Pour la DMS, la chose étonnante à remarquer c’est que le pic de l’été 2020 ne semble pas se présenter en été 2021. C’est une bonne nouvelle. Le fait que la DMS n’augmente pas significativement en cette période de décrue permet de prolonger le mouvement à la baisse de la charge hospitalière. L’expérience acquise des personnels soignants y est sans doute pour quelque chose. C’est l’occasion de les saluer à nouveau. On peut donc s’attendre à voir le nombre de lits occupés baisser encore dans les jours à venir, encore une bonne nouvelle.
Ce travail de calculs est issu du projet 3I initié le 24 avril 2021 au Hackathon Covid
Prenons soins de nous
Philippe Brouard
Je suis épaté par ce travail remarquable. Je note, en particulier, la qualité de l’interprétation qui accompagne la présentation de chaque ensemble de données et de chaque évolution. Des stat., on sait généralement en faire … les interpréter de manière compréhensible, c’est beaucoup plus rare. Merci et bravo !
Merci pour tout ce travail !
L’effet de la vaccination sur les formes graves et donc de la DMS n’est pas évoquée dans votre article ?
Je n’ai pas les éléments mais peut-être peut on estimer que la vaccination protégeant des formes graves elle évite significativement les hospitalisations…
Bonjour, pour le moment il n’y a pas de données publiques pour distinguer des effectifs de patients vaccinés qui occuperaient quand même des services hospitaliers covid-19. Bonne remarque en tout cas, oui on peut supposer qu’il y a une diminution des covid-19 compliquées à gérer, ne serait-ce que par la baisse relative des cas de covid-19 chez les personnes les plus âgées, en raison de la vaccination.
Merci ! clair ,de qualité .Bravo !!!
Merci pour votre travail . Des données claires que je lis quotidiennement
Le ministere de la santé ne peut pas vous Financer?
Ou bien les « genereux » milliardaires?
🙄
Votre travail est incroyable! Bravo et merci.
Patrice
excellent travail de synthèse heureusement que vous et vos équipes étaient présents pour nous aider à comprendre la pandémie
bravo et encore merci
gilbert
Bravo pour vos explications et encore merci!
Bravo! Commentaires clairs et précis.
Merci pour vos stats et vos commentaires
Bonjour, merci à tous pour vos messages de soutien ! Ça fait plaisir et c’est encourageant.
votre travail et celui de vos équipes est tout simplement remarquable. Précision, clarté, objectivité, pédagogie : tout y est. Au delà d’une reconnaissance méritée de l’état symbolisée par la remise de l’ONM à Guillaume Rozier (mais qui rejaillit sur toute son équipe), les pouvoirs publics seraient bien inspirés de vous confier des missions au bénéfice de tous. Bravo et encore merci