Les vacances de fin d’année commencent en mode déconfiné et sous couvre-feu. La circulation du virus reste forte et dans ces conditions que pouvons-nous envisager comme situation hospitalière à venir ? Un rebond de charge parait difficilement évitable en janvier.
Les indicateurs sont globalement mal orientés
Retour sur la précédente simulation avec l’indicateur de la durée moyenne de séjour hospitalier
La simulation de la semaine dernière prévoyait une baisse plus marquée du nombre de patients hospitalisés. Nous constatons avec les données récentes que nous approchons déjà une forme de plateau. La situation est donc moins bonne que prévu. Elle pourrait s’expliquer par l’évolution de la durée moyenne du séjour hospitalier. Le simulateur permet de déduire une tendance à l’augmentation de cette durée, probablement liée à l’effet de la seconde vague : au bout d’un certain nombre d’entrées, les situations plus compliquées s’accumulent, c’est à dire celles qui nécessitent du temps avant le retour à domicile.
Précision pour mieux analyser cette courbe. À première vue, elle affiche une seule vague, c’est un peu comme un négatif de la courbe du nombre de patients hospitalisés. Le sommet de cette courbe se situe vers la fin de l’été, au moment où le nombre de patients hospitalisés arrive au plus bas. Pour comprendre, il faut considérer qu’à ce moment là, il y a principalement des patients qui sont restés longtemps à l’hôpital. Puis avec l’arrivée de la seconde vague, des nouveaux patients avec un séjour court se sont ajoutés à l’ensemble, ce qui a fait baisser la moyenne. Enfin, lorsque cette moyenne repart à la hausse, c’est le signe qu’à l’hôpital des nouvelles situations compliquées s’accumulent. Il y a dans ce cas une moins bonne capacité à libérer des lits.
Les nouvelles entrées à l’hôpital sont plus nombreuses qu’espéré
C’est en effectuant les réglages pour le simulateur qu’un des paramètres est apparu à la hausse de façon inattendue. On aurait pu imaginer qu’avec la multiplication des tests, y compris les tests rapides, il y aurait eu plus de personnes détectées positives au coronavirus étant faiblement malades ou asymptomatiques. Ces personnes n’ayant pas la nécessité d’aller à l’hôpital, l’incidence des nouvelles entrées en pourcentage des nouveaux tests positifs pouvait baisser. C’est surprenant, car il y a l’effet inverse en ce moment (données Santé publique France, SI-DEP et SI-VIC).
Les pics de cette courbe se situent les lundis, au moment où il y a beaucoup d’entrées et moins de tests remontés des laboratoires du fait du week-end précédent. On constate une tendance à l’inflation du pourcentage de nouvelles entrées à l’hôpital par rapport aux nouveaux cas détectés. Cette tendance n’est pas bon signe.
La létalité covid-19 à l’hôpital reste forte
C’est un autre calcul qui peut surprendre, en regardant l’évolution du nombre de nouveaux décès à l’hôpital par rapport au nombre de nouvelles entrées le même jour (données Santé publique France SI-VIC) l’objectif est de se faire une idée approximative sur la létalité de la covid-19 à l’hôpital. Il est certain que les professionnels de santé ont acquis de l’expérience suite à la première vague pour mieux soigner les patients. Mais, probablement confrontés à des nouveaux patients âgés, la létalité reste forte.
Ce calcul de pourcentage montre un légère tendance à la baisse sur les quatre dernières semaines, tout en restant très élevé, de l’ordre de 20 à 25%.
Reffectif significativement au dessus de 1
Dans le bulletin de Santé publique France au 17 décembre, la valeur de Reffectif estimée au 12 décembre est égale à 1,03 et la valeur calculée sur le tableau de bord France de CovidTracker sur 7 jours lissés est égale à 1,02. Pour le simulateur CovidTracker ayant pour but de reproduire les courbes, la valeur de Reffectif est déjà de l’ordre de 1,25. L’écart est important, pourtant la hausse régulière du nombre de nouveaux cas positifs ces derniers jours laisse à penser que c’est une valeur de R significativement au dessus de 1 qui est en cours en ce moment.
Les calculs en conséquence de l’évolution de R seront poursuivis avec trois hypothèses : stabilisation, hausse ou baisse.
Situation dans les hôpitaux et en EHPAD, EMS
Les graphiques à suivre sont issus des calculs du simulateur actualisés le 18/12/2020, selon les trois hypothèses d’évolution de R.
Ces graphiques ne sont malheureusement pas optimistes. Le rebond de la tension hospitalière semble se profiler de façon plus marquée que la semaine dernière. Il faudra suivre ça de près pour voir si ça se confirme ou pas.
Bonnes vacances
Tentons de profiter au mieux des vacances de fin d’année dans ce contexte très particulier et bien sûr, restons vigilants. Bonnes vacances
Philippe Brouard
y a quand meme un truc , le taux de positivite est a 5.6 il depassait 6 y a quelques jours il continue de baisser alors que les cas augmentent et aussi SOS medecins qui est assez precoce qui ne bouge quasi pas , est ce que ce ne serait pas une epidemie de tests plutot que de cas ?
J’aimerais savoir si en effet l’augmentation des tests est compensée dans la simulation. Par exemple est-ce que vous avez la possibilité d’estimer le vrai nombre de cas avec le taux de positivité par exemple ? Très bon article en tout cas.
La simulation est ajustée sur le nombre de tests positifs et sur l’indication de Santé publique France concernant le taux de personnes se déclarant symptomatiques pour celles qui sont positives aux tests. Elle ne prend pas en compte le nombre total de tests ni le taux de positivité. En fait elle commence à partir des tests positifs. Elle est ajustée aussi sur les entrées à l’hôpital pour être raccord avec les données de Santé publique France. La simulation ne peut pas estimer des cas supplémentaires de personnes qui ne seraient pas faites dépistées.
Merci pour votre soutien, cordialement
il y a peut être un élément que vous n’avez pas sur les entrées , c’est la véracité des entrées dites « covid »., nous sommes dans une périodes de circulation de différents virus respiratoires et rien ne peut vous certifier que les patients entrants soient effectivement atteints par ce virus ou un autre. De toute façon, il y a actuellement 50 % de tests de plus qu’il y a une semaine (300 000 contre 200 000 quotidien) et les hospitalisations lissées sur une semaine sont en baisse.
Voilà ce que j’ai compris: la méthode de calcul a changé il y a une semaine.
On a ajouté les résultats des tests antigéniques à ceux des tests RCT-PCR ainsi que les résultas des personnes qui se font tester plusieurs fois de suite. C’est pour ça que le pourcentage des positifs a baissé.
Ce qu’il faut suivre c’est le nombre de SOS, et le nombre d’ hospitalisés. Les courbes de réa et de morts étant décalées.
Toutes les infections respiratoires subissent un test RCT-PCR à l’admission dans les hôpitaux et donc les Covid sont comptabilisés comme tels. Les grippes ont un test RCT-PCR négatif et sont classifiées grippes. De plus, cliniquement, les médecins savent différencier un rhume, d’une grippe, d’un Covid (les symptômes sont différents). Mais, pendant la pandémie, tous les entrants « respiratoires » sont systématiquement testés.
50 % des Covid sont asymptomatiques. La plupart d’entre eux n’ont donc pas recours aux tests. Certains y ont recours parce qu’ils apprennent qu’ils sont « cas contact ».
Pour calculer le nombre réel de personnes infectées par le virus il faut multiplier par deux les cas positifs annoncés chaque jour. Quand on nous annonce 20000 cas positifs quotidiens, il faut penser 40000.
SOS medecins reste stable et bas tout comme les urgences hospitalieres on est entre entre 300 et 400 pour SOS alors qu on etait a plus du double pendant la deuxieme vague sachant comme vous dites qu on a d autres virus respiratoires c est meme surprenant que SOS medecins soit bas
Notez que le graphique SOS médecins graphe le pourcentage d’actes liés au covid par rapport à tous les actes.
Je ne suis pas sûr qu’on puisse faire le calcul proposé, c’est à dire multiplier par deux le nombre de cas quotidiens déclarés officiellement pour estimer le nombre réel de nouveaux cas. C’est vrai que selon les données SI-DEP ces dernières semaines environ 50% des cas positifs se déclaraient sans symptômes au moment de faire le test. Mais cette indication ne permet pas d’en déduire le pourcentage de ceux qui auraient pu avoir des symptômes par la suite, je ne pense pas que le suivi aille jusque là. En conséquence, les personnes qui auraient un épisode de covid-19 totalement sans symptôme et sans aucun doute d’avoir eu le virus, pourrait être inférieur à 50%. Par ailleurs, il y aurait aussi les personnes qui ayant des symptômes, ne souhaiteraient pas se faire dépister, pour des raisons personnelles. Difficile à estimer. Merci pour vos indications sur les tests en général. Cordialement
Ce virus nous joue bien des tours et le nombre quotidien exact de personnes infectées en France est difficile à connaître.
Toutefois, le Conseil Scientifique indique dans sa « Note d’éclairage »du 12/12/2020 modifiée le 14 que » les patients asymptomatiques peuvent transmettre le virus et sont responsables d’environ 40 à 50% des nouvelles contaminations ».
comment expliquez vous que les sortants de l’hopital soient de 4864 les 7 derniers jours (28 /12 au 3/01)et que sur la periode précédente en terme de jours (22 au 28/12) le chiffre soit de… 4864, exactement le même. Perso, je ne crois pas au hasard mais plus dans le volonté de manipuler les chiffres et de ne pas les faire descendre trop vite car c’est pourtant bien ce qui se passe.
Bonjour, comme ces derniers temps la situation était particulièrement stable pour le flux des entrées à l’hôpital, c’est tout à fait possible d’avoir deux fois exactement le même nombre d’une semaine à l’autre.
[…] l’hôpital avant retour à domicile. Nous avons présenté ce graphique avec la simulation du 19 décembre en indiquant qu’il peut être vu comme une sorte de négatif du niveau d’occupation des […]