Le nombre croissant de nouvelles personnes positives aux tests PCR pour la covid-19 en France nous interroge de plus en plus sur l’hypothèse de la seconde vague épidémique. Plus précisément c’est l’ampleur de la vague qui pose question. Les avis en cours des experts et des commentateurs sont très divers, nous avons pu entendre les mots « frémissement », « vaguelette », « seconde vague », « droit dans le mur ». Le simulateur CovidTracker a pour objectif de projeter la situation épidémiologique dans les jours à venir, donc que pouvons-nous voir avec l’actualisation des calculs ?
Dynamique préoccupante du nombre de nouveaux cas
Le simulateur CovidTracker s’appuie en premier sur la courbe du nombre de cas positifs PCR. Pour cette raison, nous surveillons de près l’évolution de Reffectif, à l’aide du tableau de bord France et des données de Santé publique France, via les points hebdomadaires. Pour la valeur de Reffectif estimée sur l’évolution du nombre de cas positifs PCR, l’estimation en cours est de l’ordre de 1,3. La projection du simulateur CovidTracker donne le graphique suivant :
La dynamique de la courbe est en forte hausse. Même avec R=1,3 ont peut envisager de voir un doublement du nombre de cas par rapport à la situation de début juillet (environ 165000) d’ici la fin août mi-septembre* (plus de 300000) ! C’est donc plutôt inquiétant.
Conséquence pour la situation hospitalière
À ce jour, la situation dans les hôpitaux français reste à un niveau bas. Nous avons évoqué dans l’article précédent que la dynamique de contamination au coronavirus concerne actuellement principalement la population jeune. C’est une population avec moins de facteurs de risques face à la covid-19, par rapport à la population plus âgée impactée lors de la première vague. Par conséquent dans les hôpitaux sont signalés quelques nouveaux patients, y compris en service de réanimation, mais ce nombre est faible. Pour combien de temps ? Le simulateur CovidTracker n’est pas très optimiste à ce sujet, le graphique suivant est produit à réglage constant par rapport à la tendance actuelle :
Nous constatons déjà que le nombre de personnes en service de réanimation ne baisse plus. Ce pourrait être le cas aussi pour le nombre de personnes hospitalisées dans les deux semaines à venir. Le rebond de la situation hospitalière s’enclencherait ensuite, à moins que Reffectif baisse d’ici le mois de septembre. En tout cas R=1,3 semble être une valeur trop élevée pour garantir un contrôle de l’épidémie dans les mois à venir.
Et le tsunami ?
Quand on parle de vague plus ou moins grosse, la référence c’est le tsunami : une grosse vague qui emporte tout sur son passage suite à un tremblement de terre côtier. On se souvient de la catastrophe au Japon, à Fukushima en 2011. C’est un phénomène géologique, rien à voir avec l’épidémiologie pourrait-on dire. Et pourtant, il y a une autre chose à remarquer : avant l’arrivée du tsunami, la mer se retire, son niveau baisse localement de façon inhabituelle… On pourrait croire qu’il ne faut pas s’inquiéter d’une submersion, apparence trompeuse. En conclusion, le calme relatif ne doit pas abaisser notre niveau de vigilance.
Philippe Brouard
* PS : le graphique du nombre de tests positifs RT-PCR a été mis à jour le 14 août, il y avait une erreur sur l’axe des abscisses, les dates étaient décalées.
Merci pour vos tableaux et analyses. C’est une source d’information très intéressantes pour le citoyen que je suis.
Bonjour, merci pour votre commentaire. Oui, c’est notre objectif.
[…] le réglage du simulateur, nous prenons en compte cet indicateur. Dans notre article sur l’estimation de l’ampleur du rebond épidémiologique, nous avons indiqué que cette valeur semble trop élevée pour garantir une situation sous […]
[…] autre prévision du simulateur CovidTracker effectuée le 9 août : nous allons assister à un doublement rapide du nombre total de personnes testées positives […]